Le Palais Galliera à Paris met à l’honneur ce photographe et portraitiste hors pair, exposant 140 œuvres, dont des images inédites, qui retracent ses cinquante ans de carrière emblématique.

Il est connu pour ses portraits poétiques, oniriques, éthérés et quasi-fantomatiques, évoluant dans des atmosphères sensibles. Paolo Roversi est l’un des derniers grands photographes de mode vivant de sa génération. Le Palais Galliera rend hommage à ce virtuose de 76 ans dans une première monographie qui révèle comment il s’est emparé de la mode pour créer une œuvre unique.

Ce natif de Ravenne en Italie, installé à Paris depuis 1973, a fait ses classes auprès de photographes de renom (Peter Knapp, Laurence Sackman), mis son talent au service de grands magazines (Vogue, Egoïste, Luncheon) et trouvé l’illumination auprès de muses légendaires (Naomi Campbell, Natalia Vodianova, Kate Moss). Une carrière prolifique, ponctuée de riches collaborations avec des créateurs emblématiques (Yohji Yamamoto, Romeo Gigli, Rei Kawakubo), et un nom longtemps associé à la maison Dior. Son style s’identifie au premier regard : toujours évolutif et familier, occupant un espace
entre le passé et le présent, le sépia et le noir et blanc, la lumière naturelle et celle de la lampe torche, l’intensité et la profondeur des couleurs.

Jeux d’ombres et de lumières

Le plus Français des photographes italiens a su construire au fil du temps une esthétique qui confine au pictural. Ses influences puisent souvent dans les mosaïques byzantines de son enfance, les madones de la Renaissance et l’histoire de la photographie. Très vite, il choisit la photo en studio, au sein de sa maison-atelier à Paris. Entre mode, autoportraits et nus, Paolo Roversi s’est ainsi fait le chantre du portrait et du Polaroïd grand format, capturant la vulnérabilité, la fragilité et l’humanité de ses modèles. Ses voyages en Inde et au Yémen, accentuant son approche intimiste, étrange, mystérieuse et onirique, prennent une place à part dans sa carrière.

« À la recherche de la beauté, il construit une œuvre singulière sur laquelle le temps n’a pas de prise. », rappelle les organisateurs du musée de la Mode de Paris. L’exposition remet ainsi en lumière l'essence de son travail. Plus encore, l’art de ce poète de l’image, à la fois moderne, romanesque et intemporelle, dans une scénographie transformée en studio de l’artiste, tel un espace imaginaire, un théâtre de tous les possibles.